
Nous sommes désolés Oncle Albert
Voici la dernière nouvelle de mon livre, écrite il y a exactement un an.
Le livre s’appelle Le temps passé avec vous fut bref mais tordant.
L’oncle Albert est décédé peu après la rédaction de ce texte.
The English version follows. The English book is called My Time with You Has Been Short but Very Funny. Uncle Albert died soon after this was written.
Dijon – juin 2023
« Tout d’un coup, son réservoir s’est vidé et il est passé du brun chocolat au gris. Sa vivacité, sa vigueur et son enthousiasme se sont évanouis comme une bouffée de fumée ». C’est ainsi que notre propriétaire décrivait son chat siamois de 18 ans, Choco, à la fourrure grise et au museau argenté, une créature à la fois ronde et décharnée, qui rôdait avec découragement dans leur jardin luxuriant, ou s’installait devant l’étang à poissons rouges, regardant avec des yeux larmoyants et embrouillés – signe indubitable des cataractes! – ce qui aurait été autrefois une proie à nageoires, comme si les poissons se moquaient de lui en raison de son état permanent d’épuisement total.
Nous avions rencontré ce félin malheureux pour la première fois quelques jours plus tôt. De retour à notre appartement lilliputien, minuscule annexe de la demeure tentaculaire des maîtres de Choco, nous avions découvert cette vieille créature dans un état temporaire de mort apparente devant notre porte d’entrée, émettant les miaulements les plus plaintifs et les plus préternaturels jamais poussés par un membre de l’espèce féline, un mélange de croassements tremblants et de cris d’une banshee. Il voulait manifestement que nous le fassions entrer. Ce que nous ne pouvions pas faire, les allergies et les conventions constituant un cordon infranchissable. Face à ce pitoyable spécimen de félinité condamnée, je me suis senti démesurément coupable et j’ai bredouillé : « Nous sommes tellement désolés… Oncle Albert », tandis que surgissaient de mon cerveau en ruines les paroles d’une chanson vieille de 50 ans de Paul McCartney, datant de l’époque rocambolesque de ma jeunesse hippie :
We’re so sorry, uncle Albert
We’re so sorry if we caused you any pain
We’re so sorry, uncle Albert
But there’s no one left at home
And I believe I’m gonna rain
Nous sommes désolés, oncle Albert
Nous sommes tellement désolés si nous t’avons causé de la peine
Nous sommes tellement désolés, oncle Albert
Mais il n’y a plus personne à la maison
Et je crois que je vais pleurer à chaudes larmes… C’est mon refrain…
C’est ainsi que l’infortuné Choco renaît sous les traits de l’oncle Albert, à qui je présente mes excuses depuis lors.
J’ai découvert l’oncle Albert qui sommeillait en moi à travers les histoires que j’ai partagées, miaulant à votre porte, implorant que vous me laissiez entrer.
We’re so sorry Uncle Albert
Dijon June 2023
“All of a sudden his tank was empty and he turned from chocolate brown to grey. His get up and go, got up and went.” This was how our landlord described their grey-furred and silver-whiskered 18-year-old Siamese cat, Choco, who was at once bulbous and wizened and who lurked despondently in their luxuriant garden or parked himself lumpishly in front of the goldfish pond, staring with rheumy, clouded eyes – the unmistakable sign of incipient cat-aracts! – at what once would have been finny prey, as if the fish were mocking him for his steady state of enervation.
We first encountered this forlorn feline a few days earlier. Returning to our Lilliputian apartment, a miniscule adjunct to the sprawling abode of Choco’s masters, we discovered this hoary creature in suspended animation in front of our entry door, emitting the most plaintive, preternatural yowls ever uttered by a member of catkind, a combination of tremulous croaking and the shrieks of a banshee. He clearly wanted us to let him in. This we could not do, allergies and convention serving as an impenetrable cordon. Confronted with this pitiful specimen of doomed felinity, I felt inordinately guilty and blurted, “We’re so sorry…Uncle Albert,” as out of my junkyard brain popped the lyrics of a 50-year-old tune from the halcyon days of my hippie youth:
We’re so sorry, uncle Albert
We’re so sorry if we caused you any pain
We’re so sorry, uncle Albert
But there’s no one left at home
And I believe I’m gonna rain
https://www.youtube.com/watch?v=ZWoGCdXT07g
So it was that the hapless Choco was reborn as Uncle Albert, to whom I have been apologizing ever since.
Writing these sketches, I’ve been living and reliving my own Uncle Albert moments so as to share them with you, yowling at your door, imploring to be let in.
Your friend,
Robert
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